Plénitude, gratitude, espoir…plus de deux semaines après les rencontres « Nouveaux pouvoirs, nouveaux leaders », ces sentiments sont encore bien ancrés à l’intérieur de moi.
"Je suis parce que nous sommes" Nelson Mandela
Agapē est le mot grec pour l'amour « divin » et « inconditionnel » L’Agapé est, pour Platon, la troisième forme que prend l'amour après l'amour physique « Éros » et l'amour de l'esprit de l'autre « Philia ». Au moins deux intervenants de nos rencontres, Guibert del Marmol et Patrick Viveret, l’ont évoqué.
Je ressens cette inconditionnalité du lien au sortir de ces rencontres si intenses pour nous tous, « nous » au sens des organisateurs, cette « pépite », petite équipe de 8 personnes à laquelle se sont rajoutés une quinzaine de bénévoles pendant l’événement. .
Alors tout simplement, j’ai envie de dire MERCI :
MERCI pour la qualité de notre présence à tous, participants, intervenants, bénévoles, prestataires et organisateurs
MERCI pour la qualité des liens, des connexions, interconnexions
MERCI pour nos/vos apports à tous sur la forme comme le fond
MERCI pour notre/votre joie de vivre tout au long de ces deux jours de partage
MERCI pour notre/votre partage d’expériences dans la confiance et réciprocité
MERCI pour avoir su laisser la place à l’expression de notre/votre fragilité, vulnérabilité
MERCI d’être là dans nos coeurs
MERCI la vie
Ressentir cette plénitude et dire Merci ainsi de façon inconditionnelle ne signifie pas que je fuis la conscience du temps présent, la conscience du « pouvoir » tel qu’il est exercé aujourd’hui plus en mode « conquête » qu’en mode « au service de ». L’ancien « homme politique » que je suis pourrait être très déprimé au regard de ce qui ressort de la campagne présidentielle en train de s’achever et dont on ne sait tirer un élément positif et ce, quel que soit le résultat dimanche prochain. Mon propos n’est pas de s’en désintéresser ou d’appeler à ne pas aller voter, j’irai moi-même exercer ce devoir civique, mon propos est de dire qu’aujourd’hui encore plus qu’hier, le pouvoir peut se construire ailleurs et différemment, le pouvoir au sens de « pouvoir d’agir », de « pouvoir avec ». Ce « pouvoir » on le trouve dans beaucoup d’initiatives sociales, économiques, culturelles et politiques entreprises sur les territoires dans le monde entier. Quelques jours avant nos rencontres, j’ai revu le film « En quête de sens » qui renvoie, par la réflexion et l’expérience concrète de ces auteurs, à
cette interaction à laquelle nous avons fait référence tout au long de nos rencontres, l’interaction entre le changement personnel et le changement collectif.
Nourrir cette quête de sens y compris collectif passe avant tout par soi dans son propre cheminement et dans ce cheminement, l’exploration en conscience de son lien aux autres, de son lien au monde, de son lien à la nature.
Je suis convaincu qu’une majorité, « silencieuse » publiquement, est en train de construire subtilement et discrètement une autre société, une société plus liante, une société où la conflictualité est richesse et source d’avancées, une société où l’amour et le bonheur redeviennent des valeurs fondatrices et non désuètes.
Ces rencontres « nouveaux pouvoirs, nouveaux leaders » participent à cet élan qui se diffuse ici ou là, élan porté par de plus en plus de gens qui prennent conscience de l’impératif d’agir, d’ouvrir, de partager, une ouverture avant tout du coeur pour réduire le repli sur soi, la diffusion des peurs, et notamment la peur de l’autre différent.
Au-delà de laisser quelques empreintes vivantes de nos rencontres par des photos, j’ai envie de vous livrer un écrit que j’ai produit durant la même période pour un projet qui me tient à coeur, un projet «#fou », porté par Albert et …De Pétigny (lien). Ce texte devait apparaître dans un ouvrage qui, faut de moyens, pour l’instant ne sortira pas (mais on va trouver d’autres moyens Albert!:)), vu son thème, le « pouvoir », à quelques jours de l’élection présidentielle et dans la dynamique des échanges qui se perpétue après « nouveaux pouvoirs, nouveaux leaders », je trouve juste de le publier ici.
Ah…le pouvoir !
En voilà un mot qui déclenche les passions, de la conquête au rejet, du pouvoir « sur » au pouvoir « de » en passant par le pouvoir « avec ».
Ce qui frappe l’ancien « homme politique » que je suis, c’est à la fois la fascination et le rejet que déclenche ce pouvoir au sens de « détenir du pouvoir ».
La satisfaction de l’ego, le besoin de reconnaissance, être à la « lumière » font oublier à la grande majorité des politiques l’impératif de l’exercice réel du pouvoir pour ne plus penser qu’à sa conquête, par domination sur l’autre, jeu d’influence ou autoritarisme.
Sans parler du vocabulaire guerrier et violent utilisé pour qualifier le rapport de forces, comme s’il fallait s’armer et écraser l’autre pour (re)prendre le pouvoir.
Au début, quand je me suis engagé en politique, c’était sincèrement pour donner plus de pouvoir d’agir aux gens, être au service de…
Et pourtant, moi aussi, à certains moments, j’ai vacillé. C’est difficile de dire non, surtout quand tout cela vient comme une forme de reconnaissance : cette lumière est agressive mais aussi narcissique.
Alors, comment se « soigner », se désintoxiquer et faire en sorte que le « pouvoir » retrouve ses lettres de noblesse ? Que l’on passe de cet amour non conscient du pouvoir « sur » au pouvoir « avec » conscience de l’amour « de »…
DE L’AMOUR DU POUVOIR AU POUVOIR DE L’AMOUR
Ça commence dès l’école où le système d’évaluation et de notation tend à niveler, à classer, à comparer et donc à inciter les enfants dès le plus jeune âge à prendre le pouvoir sur l’autre. Il faut être le meilleur dans la classe, le plus fort dans la cour d’école…
La coopération à la place de la compétition, la communication non violente, la méditation : tout cela existe déjà et est expérimenté dans des « niches » éducatives (pédagogies Freinet, Montessori…). Mais l’évolution des consciences, l’éveil, ou la coopération semblent fragiliser le fameux « pouvoir sur » d’une petite minorité sur une grande majorité. Donc rien ne bouge et ce figement est préjudiciable au progrès social.
Je suis arrivé en politique par l’économie solidaire, une économie où le pouvoir de « création » domine le pouvoir « capitaliste ». Création de liens, circuits-courts, richesses autres que financières y sont au coeur : à ceux qui continuent à dire que ce n’est pas assez « efficace » économiquement, je leur réponds que quand il y a davantage de bonheur dans une entreprise comme chez un individu, l’économie et la société sont plus équilibrées et vont mieux.
Pour porter ce nouveau « pouvoir de », j’ai l’intime conviction que nous avons besoin de « leaders » ou responsables économiques et politiques qui privilégient l’écoute et la participation de tous en lieu et place de l’égo, de leaders comprenant parfaitement les enjeux actuels et conscients de la nécessité de la transformation intérieure…Joli programme non?