Être un Gestalt-thérapeute est, pour moi, à la fois m’inspirer du courant philosophique de la phénoménologie et mettre en oeuvre une pratique clinique résolument existentielle et phénoménologique.
Une gestalt-thérapie phénoménologique est une gestalt qui s’intéresse au global de « l’exister humain », à l’expérience en train de se dérouler. Le gestalt-thérapeute va ainsi ouvrir sur la singularité de l’expérience en cours, et c’est la prise de conscience de cette singularité qui va caractériser le moment du « contact » entre le patient et le thérapeute.
Celui-ci s’opère alors autour du travail de conscience des phénomènes qui se déploient à la « frontière-contact » pour permettre la restauration de la capacité du patient à réaliser des ajustements créateurs dans son contact avec l’environnement.
Pour cela, l’alliance thérapeutique s’appuie sur l’expérience immédiate en mettant entre parenthèses ou de côté les hypothèses ou préjugés antérieurs.
Les affects, les souvenirs viennent du passé, mais cela ne signifie pas qu’ils rapportent du passé le contenu qui leur donne sens car, dans une thérapie, le sens attribué à un affect, même quand on se réfère au passé, est toujours construit dans le présent. De sorte que, la répétition d’un affect, d’un souvenir (qui peuvent être liés à des traumatismes vécus) est d’abord à rattacher à l’actualité de la relation thérapeutique, laquelle représente toujours une nouvelle chance de leur trouver une destination dans la réalité plutôt que dans une supposition abstraite sur l’occurrence d’une scène traumatique.
Vers une approche biographique existentielle spécifiquement gestaltiste
En Gestalt, dans une approche résolument phénoménologique et existentielle, il ne s’agit pas d’explorer ce passé pour trouver l’origine du traumatisme ou du mal, il ne s’agit pas de guérir au moyen des événements mêmes qui ont rendu malade. La gestalt à visée phénoménologique donne au passé le sens vivant du présent. La « tâche » thérapeutique est alors d’élucider le passé pour rendre possible la rencontre réelle au présent pour ouvrir l’avenir.
Pierre Van Dame parle "du concept de phénomène biographique et existentiel » et du lien avec « l’analyse existentielle qui prend pour objet l’existence du sujet selon la triple dimension du temps, de l’espace et de sa relation au monde ». Le thérapeute s’appuie alors sur « les structures spatiales et temporelles de la présence… La Gestalt-thérapie parle aussi de champ, d’interaction, de relation réelle et impliquée".
Ceci illustre ma pratique de clinicien gestaltiste dans l'accompagnement de mes patients tant en individuel qu’en groupe, une pratique avec la pleine présence "ici et maintenant" au coeur, une pratique à l'aune d'une singularité accueillie, d'une interaction subjective.
En plus de mes patients que je continue à recevoir à mon cabinet, 22, chemin des vignes à Nantes, j’anime deux groupes continus de Gestalt-thérapie sur l’année 2024-25.
Par ailleurs, cet automne 24 et toute l’année 25, je placerai encore plus la phénoménologie et l’analyse existentielle au coeur de ma pratique de gestalt-thérapeute, de ma recherche-action, de ma formation :
- j’interviens lors d’une rencontre organisée par le Réseau Gestalt Ouest à Nantes le 23 novembre sur « La finitude ou l’enjeu d’être » ;
- j’organise avec ma collègue gestaltiste, Esther Grandjean, une rencontre entre professionnels sur le thème des « Regards phénoménologiques sur la pratique gestaltiste »
- j’ai écrit un article « clinique », dont le titre est « L’écriture en thérapie, (co)-influence(s) sur le temps et le rythme de la thérapie avec JL ». Il sera publié dans les mois à venir dans les Cahiers de la Gestalt-thérapie, éditions L’Exprimerie ;
- en janvier 2025, je démarre un diplôme universitaire, « Santé mentale, psychologie existentielle et phénoménologie » à l’Institut Catholique de Paris.