En cette rentrée que je ressens pleine d’incertitudes, après un été de ressourcement mêlant montagne et mer, j’ai envie de vous parler un peu plus de la Gestalt-thérapie. Vous dire pourquoi ce courant, cette sensibilité, m’accompagne depuis maintenant près de trois décennies à la fois comme patient, stagiaire, thérapeute. Vous dire en quoi je me sens aujourd’hui pleinement Gestalt-thérapeute, quel que soit le cadre et l’environnement dans lesquels j’interviens, et encore plus fortement dans la période de crise que nous traversons.
Au regard de mon parcours et de mes engagements, ce qui m’a le plus séduit au départ dans cette démarche est le fait qu’elle se situe à la frontière, dans l’interaction entre l’intime et le social.
En ce sens, La séance de psychothérapie ne s’arrête pas à l’échange, l’écoute, l’expression entre un patient et son thérapeute dans un bureau ou une salle fermée, elle provoque une interaction entre plusieurs mondes, celui du patient et celui du thérapeute bien sûr, mais également une interaction de niveau secondaire, voire tertiaire, avec tous les mouvements voire changements que ce travail peut provoquer au regard d’autres inter-relations. Et cela, nous ne pouvons pas le mesurer.
La relation patient-thérapeute au centre de la démarche
Le champ "organisme-environnement" (théorie de base de la Gestalt) est donc intime dans la relation patient-thérapeute et social dans les inter-relations dont il est le théâtre, et cela est sans limites. On fait avec ce qui est là, en conscience ou amené à la conscience par la suggestion du thérapeute, ressenti et vécu par le patient, le thérapeute et dans le champ de la relation patient-thérapeute.
Jean-Marie Robine, un des précurseurs de la Gestalt-thérapie en France, affirmait ainsi dans un article sur les "facteurs sociaux de la Gestalt-thérapie" : "Avec cette approche nouvelle, il est alors possible d’envisager la relation patient-thérapeute, pas seulement dans un cadre intime mais aussi beaucoup plus large, au regard de la théorie du champ, un cadre social."
Une responsabilité accrue comme thérapeute de la relation humaine
Cette interaction entre l’intime et le social qui caractérise mon approche comme gestalt-thérapeute, je l’ai senti encore plus présente dans la période de crise sanitaire que nous vivons. Comme disait récemment un de mes collègues, "la crise a étiré le peloton" et je me sens, dans ce contexte, une responsabilité accrue comme thérapeute de la relation humaine.
J’ai la conviction que mon intervention peut faciliter, réhabiliter ou pacifier des liens, lien avec soi-même, lien avec l’autre, lien avec son environnement proche (naturel comme humain), lien avec la société… pour favoriser un mieux-être chez la personne ou les groupes que j’accompagne.
L’urgence est aujourd’hui, pour moi, dans cet essentiel.