Depuis plusieurs années, j’accompagne des groupes dans l'analyse de leur pratique professionnelle dans différents secteurs tels que la protection de l’enfance, le social, le médico-social et la petite-enfance. Cette année, il y a une nouveauté marquante : j’anime des supervisions et groupes de paroles auprès d’équipes de médecins, soignants et de bénévoles accompagnateurs dans des unités de soins palliatifs.
J’accompagne deux équipes différentes : un groupe de soignants dans une équipe mobile d'une clinique à Nantes, ainsi qu'un groupe de bénévoles qui intervient en complément du soin dans un hôpital breton.
Leur rôle n’est pas le même, car les premiers ont également une mission de soins, en soutien des équipes des services qui sont auprès des malades pendant l’hospitalisation, tandis que les bénévoles n’ont pas le droit de prodiguer de soins mais apportent une présence humaine.
Mais, dans les deux cas, la dimension émotionnelle m’apparaît centrale. L’émotion du patient et de son entourage familial et amical proche, comme l’émotion du soignant ou du bénévole qui l'accompagne. Et la présence de cette émotion peut avoir un impact sur les relations au sein des équipes comme entre elles.
Du "cure" au "care"
Ces groupes de supervision avec un tiers extérieur ont pour fonction d’ouvrir un espace de parole, d’expression émotionnelle animé par un professionnel. Prendre cette place dans ces deux contextes me nourrit beaucoup, car dans ces interventions le rapport existentiel à la vie et à la mort est présent de façon plus criante qu’ailleurs.
Tant dans leur activité que dans la mienne, je ressens une spécificité importante : le rapport au "care", ou comment prendre soin et porter attention à l’autre, dans un milieu où le "cure" (au sens de soigner, réparer, guérir) prend le plus souvent le pas, et dans ces circonstances si particulières où le patient n’a plus d’espoir de guérison.
Un partage d'humanité
On nomme souvent les soins palliatifs des "soins de confort". Même si j’ai encore peu de recul, leur rôle va selon moi bien au-delà…
Le dernier livre de Christophe André sur la "Consolation" apporte un éclairage très riche sur le sujet qui, à certains égards, concerne spécifiquement les soins palliatifs :
"Au-delà de ses dimensions concrètes (paroles et gestes) elle est également, et surtout, une démarche immatérielle : une présence, une intention, un partage d’humanité."
Christophe André, Consolations, celles qu’on reçoit, celles que l’on donne
Au-delà du fait que la notion même de "consolation" fait débat au sein des équipes que j'accompagne, insister sur cette démarche immatérielle m'apparaît fondamental dans les soins palliatifs, "une présence, une intention, un partage d'humanité" y compris dans le soins médicaux où l'intention à ce moment-là de l'existence de la personne, du "patient" n'est plus de le guérir mais de l'apaiser, le soulager au maximum de la douleur physique pour laisser place à cette humanité face à la fin de vie.
Un atelier pour les psychothérapeutesAu sein de l'association Réseau Gestalt Ouest et en collaboration avec mon confrère Christophe Dronneau, j'ai lancé une série d'ateliers pour les Gestalt-thérapeutes qui animent des séances d'analyse de la pratique. L'objectif est de former un pool de thérapeutes pour répondre collectivement à des demandes d'accompagnement, d'échanger sur nos expériences et de nous soutenir mutuellement. Nous avons créé un document écrit qui explique et présente notre démarche spécifique en tant que gestaltiste. Je la partagerai ici très prochainement...A suivre. |