Souvent, quand il me revient que les projets que nous lançons ou que les programmes que nous imaginons se heurtent violemment au mur des réalités, un petit mot me sauve de ma désespérance : Écossolies ! Ce réseau d’acteurs de l’économie sociale et solidaire de l’agglo nantaise, s’il n’est pas parfait, est une démonstration assez exceptionnelle du potentiel de l'économie sociale et solldaire, quand elle est appuyée par les choix décisifs de collectivités locales.
J’ai envie de laisser parler Alain Lipietz des Écossolies. En 2006, invité à découvrir l’événement, il écrit : "Ces Ecossolies (floralies de l’économie sociale et solidaire ?) se déploient devant le nouveau Palais de justice de Nouvel, sur les quais abandonnés et récemment reconquis. Concert en plein air, dizaines de stands sous des tentes, plusieurs débats sous des chapiteaux…
Manifestement, quand une collectivité territoriale (les villes autour de Nantes participent à la ronde : Saint-Herblain, Orvault etc…) soutient l’économie sociale et solidaire, ça marche ! Les Ecossolies, ça ressemble à première vue à un salon Primevère ou Marjolaine. Mais quand on regarde de plus près, on s’aperçoit que dans les stands, les gens ne s’intéressent pas tant aux produits alternatifs qu’à la manière alternative de les produire et de les vendre. Et, m’explique l’organisateur Jean-Philippe Magnen, c’est aussi la préparation des Ecossolies qui compte, un an de débat avec tous les acteurs de l’ESS du coin." Très pertinent, comme d’habitude, l’ami Alain.
Le rôle des écologistes
Il est vrai qu’il y a un flux de dynamisme dans le projet Écossolies qui dépasse le folklore de festivités "alter", que le lien avec les collectivités locales a été déclencheur, que Nantes Métropole en particulier a joué un grand rôle, que le processus-même de co-élaboration et de co-construction est la réussite des Écossolies, avant même que nous n’arrivions à nos objectifs.
Et puis je rajouterai à ces éléments l’analyse que les écologistes, Verts hier et Europe Écologie aujourd’hui, élus et militants, ont pesé lourd dans cette réussite. Si la ville de Nantes et Nantes Métropole ont choisi de porter cette expérimentation in-vivo, c’est d’abord parce que son "patron" politique a osé aller sur ce terrain, bien avant d’autres hommes et femmes politiques, bien plus récemment convertis à l’ESS : et oui, quoi qu’en disent certains esprits chagrins qui me cantonnent à une caricature de permanent contradicteur, je sais reconnaître les intuitions et le sens du projet de Jean-Marc Ayrault.
Une part du rayonnement nantais
Mais si nos collectivités sont allées en ce sens, et se sont engagées concrètement, c’est aussi parce que nous, Verts, avons construit avec nos partenaires socialistes des accords de "gouvernement local" qui ont permis d’aller plus vite et plus loin. C’est ainsi que la politique ESS de l’agglomération s’est évidemment inscrite dans la logique de l’Agenda 21, en cohérence avec la démarche portée par l’écologie politique liant les dimensions sociales, économiques, environnementales et démocratiques.
D’une certaine façon, une part du crédit de dynamisme et d’inventivité de Nantes, reconnu largement en France et même parfois en Europe, tient donc aussi aux Écossolies… et au rôle que les écologistes y ont joué et jouent encore dans un déploiement raisonné mais volontaire de l’aide à l’économie sociale et solidaire.
En chantier
L’actuel projet de construction que mènent aujourd’hui les Écossolies, une implantation sur une friche industrielle pour une vingtaine d’entreprises de l’ESS, au cœur du projet urbain développé sur l’île de Nantes… Voilà un nouveau projet qui boucle positivement la boucle. Tout cela renforce la filiation revendiquée de l’économie sociale et solidaire avec l’histoire sociale de notre territoire.